Historicité Ecole normale supérieure

Debut

La première école normale, l’École normale dite de l’an III, est créée sur l’impulsion de Dominique Joseph Garat, de Joseph Lakanal et du Comité d'instruction publique3 le 30 octobre 1794 (9 brumaire an III) à Paris par la Convention. Celle-ci décrète qu’« Il sera établi à Paris une École normale, où seront appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles, pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner ».
Elle est refondée par Napoléon en 1808 sous la forme d’un « pensionnat normal » créé au sein de l'Université de France pour « former à l'art d'enseigner les lettres et les sciences ». En 1818, un concours d'entrée est instauré mais, considéré comme un foyer de l’esprit libéral, le pensionnat est supprimé par Frayssinous en 1822.

L’ordonnance du 9 mars 1826 crée une « École préparatoire », dans les locaux du collège Louis-le-Grand, puis du collège du Plessis à partir de 1828. À la faveur de la révolution de Juillet (1830), l’École préparatoire prend, par arrêté de Louis-Philippe, le nom d’« École normale » en référence à l’École normale de l’an III. À l’occasion de l’instauration d’écoles normales primaires en 1845, l’École normale est rebaptisée « École normale supérieure ». C’est seulement en 1847 que l’institution s’installe dans de nouveaux locaux, rue d’Ulm, dans le Ve arrondissement de Paris, tel que cela avait été décidé par la loi du 24 avril 1841.

De la rue d'Ulm aux nouvelles ENS

De nouvelles écoles normales supérieures sont créées dans la lignée des réformes scolaires de Jules Ferry et de la loi Camille Sée ouvrant aux filles l’enseignement secondaire public. L’École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF), pendant féminin de l'ENS, est créée le 26 juillet 1881 à Sèvres, tout comme l’agrégation féminine. Elle déménage à Paris, dans des locaux situés boulevard Jourdan, en 1940.
La loi « Paul Bert » du 9 août 1879 impose aux départements de disposer chacun d'une école normale de garçons et, ce qui est nouveau, d'une école normale de filles5. Afin de former les professeurs de ces écoles normales primaires, il est créé deux écoles normales supérieures de l’enseignement primaire. Le décret du 13 juillet 1880 fonde celle pour les jeunes filles à Fontenay-aux-Roses puis, en mars 1882, celle pour les garçons ouvre à Saint-Cloud5.

En 1891, les premières « sections normales » voient le jour. Elles sont annexées à différentes grandes écoles et ont pour but de former les professeurs de l’enseignement technique et des écoles spéciales, notamment : à l’École des arts et métiers de Châlons-sur-Marne pour les écoles pratiques d’industrie (décret du 11 juin 1891) ; à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, pour la formation des professeurs de commerce et de langues étrangères des écoles pratiques de commerce (décret 21 juillet 1894) ; à l'École de commerce de jeunes filles de Lyon pour la formation des professeurs des écoles pratiques de commerce et d'industrie de jeunes filles (décret du 16 août 1894) ; à l'École pratique d'industrie du Havre pour préparer, comme dans la section de Lyon, au professorat dans les écoles pratiques de commerce et d'industrie de jeunes filles (décret du 15 juin 1899)

Le décret du 10 novembre 1903 rattache l’École à l’Université de Paris. « Elle y constitue un établissement investi de la personnalité civile », avec un « budget propre ». Son directeur et sous-directeur siègent au Conseil de la Sorbonne10.

Un décret du 26 octobre 1912 regroupe à Paris les quatre sections normales (Châlons-sur-Marne, Paris, Lyon et Le Havre) sous le nom d’École normale de l'enseignement technique. Cette nouvelle école s’installe dans les locaux de l’École nationale supérieure d'arts et métiers11. En 1932, elle est reconnue comme « École normale supérieure de l'enseignement technique » (ENSET)11, simultanément à la création des sections d’Art, de Lettres et de Langues qui complètent les domaines techniques. En 1942, l'ENSET devient l'« École nationale préparatoire » (ENP), avant de reprendre son nom en 1945.

En 1954, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm récupère son autonomie en obtenant la personnalité civile et l’autonomie financière. En 1956, l’ENSET déménage sur le campus de Cachan au sud de Paris11, construit par les architectes Roger-Henri Expert puis André Remondet, qu’elle ne quittera pas avant 201912 (construction commencée en 1937 mais achevée uniquement en 1955).